Un an après Tchernobyl, Pripiat est devenue ville fantôme. «
Avec le temps, ce qui finit par te sauter à la figure, ce serait plutôt cette
sorte de jus qui suinte de partout, comme quelque chose qui palpiterait encore
», raconte un
survivant. Antoine Choplin trempe sa plume dans ce jus, mélange de sueurs
froides, de sang figé, de vodka maison, de sève résineuse, de gas-oil de
récupération. Avec cette encre sombre et brillante, il écrit l'insoutenable
beauté postnucléaire qui sévit loin des hommes, dans la zone interdite.
Pour
récupérer la porte de son appartement, sur laquelle avait jadis peint sa fille,
tuée depuis par la catastrophe, Gouri s'aventure à moto dans ce no man's land
radioactif. Absurde et vitale, sa quête le mène dans un autre monde, régi par
des lois aussi violentes qu'inconnues. Avec une économie de moyens très
beckettienne, un sens du visuel méditatif digne de Tarkovski, et une grande
tendresse pour ses personnages sortis d'un tableau de Chagall, Antoine Choplin
signe un roman essentiel. Une farce tragi-clownesque d'une acuité glaçante,
comme on imagine qu'il en germe dans l'esprit de certains écrivains japonais,
un an et demi après Fukushima.
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Un roman court racontant l’horreur
de Tchernobyl sans jamais le nommer. Certains sont restés ils vivent là, unies dans la
détresse et la fraternité sans jamais oublier. Un roman plein de poésie et d'humanité.
Geneviève
Geneviève
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