31 janvier 2013

Antoine Choplin : la nuit tombée



Un an après Tchernobyl, Pripiat est devenue ville fantôme. « Avec le temps, ce qui finit par te sauter à la figure, ce serait plutôt cette sorte de jus qui suinte de partout, comme quelque chose qui palpiterait encore », raconte un survivant. Antoine Choplin trempe sa plume dans ce jus, mélange de sueurs froides, de sang figé, de vodka maison, de sève résineuse, de gas-oil de récupération. Avec cette encre sombre et brillante, il écrit l'insoutenable beauté postnucléaire qui sévit loin des hommes, dans la zone interdite.
Pour récupérer la porte de son appartement, sur laquelle avait jadis peint sa fille, tuée depuis par la catastrophe, Gouri s'aventure à moto dans ce no man's land radioactif. Absurde et vitale, sa quête le mène dans un autre monde, régi par des lois aussi violentes qu'inconnues. Avec une économie de moyens très beckettienne, un sens du visuel méditatif digne de Tarkovski, et une grande tendresse pour ses personnages sortis d'un tableau de Chagall, Antoine Choplin signe un roman essentiel. Une farce tragi-clownesque d'une acuité glaçante, comme on imagine qu'il en germe dans l'esprit de certains écrivains japonais, un an et demi après Fukushima.
Marine Landrot - Telerama n° 3267

Un petit coup de coeur pour ce roman d'un auteur que je connaissais pas. Un roman court racontant l’horreur de Tchernobyl sans jamais le nommer. Certains sont restés ils vivent là, unies dans la détresse et la fraternité sans jamais oublier. Un roman plein de poésie et d'humanité.
Geneviève

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